Notre cabane est un palimpseste. La ruine, fragment au bord du chemin est un manuscrit, une trace, une empreinte de l’écriture terrestre, le témoignage que nous habitons le territoire comme le temps. Avec égard, pudeur et délicatesse, notre cabane s’insère sans toucher l’édicule de pierre, dessinant un retrait nécessaire et une porosité obligatoire pour cohabiter sans déranger les arbustes et la végétation foisonnante à l’œuvre. Et, semblable aux plantes qui envahissent à leur guise les restes de l’habitation, nous nous implantons en son cœur, comme la réécriture intime d’une construction qui renaît. Notre cabane vient alors matérialiser le rêve d’un volume disparu associant deux matières : la pierre brute et sombre, le bois tendre et clair. Elle redonne une verticalité à la ruine, une ossature, un squelette pour ranimer ce qui a été noyé dans les ronces, oublié du regard, quasi imperceptible. La ruine est notre peau, c’est le derme primaire et incomplet de notre cabane que nous voulons presque cacher en son sein, comme pour si abriter, si réfugier, si loger dans l’hospitalité rude des pierres tombées. Ce que nous construisons, c’est du vide, c’est une absence de matière, c’est un retournement, un contournement, une trajectoire au milieu d’une structure en bois qui débouche sur un foyer de lamelle, puits de lumière tourné vers le ciel, enveloppe interne et intime.